Paris Capitale du monde

Paris Capitale du monde !

 

La dramatique semaine écoulée, marquée par l’horrible massacre de la rédaction de Charlie Hebdo et la prise d’otages du magasin casher, s‘est achevée par un très lourd bilan humain, victimes civiles et policières confondues, toutes assassinés froidement par des individus parfaitement instrumentalisées pour servir les idées les plus hostiles à notre tradition républicaine. Devant ce carnage, la France, puis, l’Europe, enfin une grande partie du monde se sont sentis solidaires et ont tenu à manifester leur soutien et leur solidarité à notre République dans une manifestation parisienne d’une grande dignité.

Quelles réflexions cette tragédie doit-elle nous amener à faire ?

Le premier message que nous pouvons en retenir concerne le concept de guerre asymétrique qui prévaut aujourd’hui. Ce concept nous a éloignés des terrains de combats. Certes, nos soldats se battent dans des opérations extérieures où ils montrent leurs remarquables qualités opérationnelles mais ces terrains sont éloignés : au Mali, dans la bande du Sahel, en Syrie, en Irak. Or, les événements récents viennent de nous faire prendre conscience que nous sommes vulnérables et que la stratégie de la guerre asymétrique, pousse l’ennemi à mener contre nous, loin de ses bases, des opérations dévastatrices car toujours ciblées contre des lieux symboliques. En assassinant les journalistes de Charlie Hebdo, il est clair qu’ils attaquaient un des principes majeurs de nos valeurs républicaines, la liberté de la presse dans sa forme d’expression la plus redoutée : la dérision et l’humour !

Le second message que nous pouvons tirer de cette tragédie concerne la transmission de notre système de valeurs républicaines. Ce sont ces valeurs, laïcité, liberté, démocratie qui doivent être le ciment de notre adhésion à notre communauté nationale. L’éducation nationale doit impérativement se sentir désormais au cœur de l’esprit de défense. C’est en transmettant ces valeurs républicaines que notre société pourra trouver sa cohésion au-delà des origines confessionnelles, culturelles et géographiques des individus qui la composent. Il y a là un vaste chantier de reconstruction des lectures de l’histoire, des religions et des sociétés pour que chacun puisse à la fois conserver ses héritages propres en les inscrivant dans un système de valeurs qui les transcende.

Le dernier message que je veux évoquer concerne la mobilisation européenne. Elle a été rapide, nombreuse et surtout porteuse d’espérance. Tous les états représentés dans cette cérémonie ont montré que les valeurs républicaines que la France a forgées dans sa longue histoire, sont aujourd’hui reconnues comme porteuse d’unité. De même que Rome jadis se rassemblait autour du culte impérial, symbole de l’unité de l’empire, désormais ce sont nos valeurs républicaines qui jouent ce rôle pour l’Europe. A nous désormais d’assumer ce devoir qui nous est confié pour construire une société capable de trouver son unité non plus à l’intérieur de frontières géographiques, mais dans une adhésion collective à nos valeurs républicaines.

Paris capitale du monde le sera d’autant plus que nous serons capables de porter désormais cette formidable espérance pour en faire la base de notre bien commun.

JP Arrignon


3 commentaires

  • piettre dit :

    D’accord avec vous Jean-Pierre; cependant trois non pas bémols mais interrogations :
    1) La situation économique qui laisse ces jeunes sans occupations n’est-elle pas
    aussi en partie cause de ces drames ?
    2) Les valeurs républicaines et laïques sont-elles suffisamment transcendantes et séduisantes pour combler la recherche d’absolu de ces hommes ?
    3) Les blessures provoquées chez certaines personnes par des attaques parfois féroces contre les symboles de cet absolu (Mahomet ou le pape par exemple) peuvent-elles, doivent-elles une limite à la liberté d’expression ?

  • Trois axes de réflexions particulièrement utiles pour traduire dans la pratique quotidienne la puissante et formidable aspiration des Français qui s’est exprimée ce dimanche.

  • ferman dit :

    Certes, les  » guerriers  » contre la civilisation occidentale qu’ils veulent détruire ou au moins assujettir se sont déplacés. Ils ne combattent plus seulement à des milliers de kilomètres, dans les sables ou les cailloux, mais au cœur physique et psychique de notre  » noyau dur « . Ce ne sont plus seulement des étrangers au langage incompréhensible, mais aussi  » des petits gars  » de Paris ou de province, aussi virulents, sinon plus. Il est vrai, dès lors que les théâtres d’opération s’étant rapprochés, nous devons désormais vivre sous une menace et une crainte quotidiennes qu’il nous faut vaincre personnellement car le plan  » Vigie- Pirate-renforcé  » n’est, selon moi qu’un rideau de fumée, totalement inefficace, malgré le courage des hommes qui l’assument.

    Certes, dans ces circonstances particulières, le rôle de l’éducateur devient plus nécessaire que jamais. Mais, ici encore, ne nous leurrons point. Qui a plus
    de poids et d’influence sur l’ado, à quelques exceptions près, : le  » maitre « , avec son savoir forcément en grande partie livresque, ou bien, ensemble, le père, la coutume, l’environnement ?

    Enfin, je ne crois pas du tout à une  » union européenne  » contre le terrorisme dans sa nouvelle forme. La civilisation à laquelle je me référais un peu plus haut est un ensemble de blocs de béton, capable de trembler d’une manière
    commune, selon la nature et le degré des secousses sismiques, mais incapable de construire des fondations durables. Ah ! Si seulement un professeur d’Histoire, ayant suivi justement les civilisations passées et disparues, malgré leurs défenses ET leurs alliances, pouvait me lire……
    Paris, capitale du monde ? Peut-être, mais alors pour un jour seulement !

    Amicalement,
    Denis