Le monde bouge vite. Octobre 2015

Depuis l’intervention du Général Ch. Gomart devant la Représentation nationale le 25 mars 2015 révélant que la Russie n’avait jamais réalisé de préparatifs indiquant qu’elle avait l’intention d’envahir militairement l’Ukraine, beaucoup de faits se sont produits depuis, notamment le discours du Président russe Vladimir Poutine à l’ONU, le 28 sept. 2009. Deux points ont retenu mon attention. Le premier concerne la nécessité de respecter les accords de Minsk et de tenir compte des droits des populations du Donbass. Pour y parvenir, il est certain que la Russie est intervenue dans la mise à l’écart de figures les plus dures de la République du Donbass, comme Andreï Pourguine, désormais écarté des discussions de Minsk. Dans la même démarche, un accord a pu être conclu sous l’égide de l’Union européenne entre la Russie et l’Ukraine pour assurer la fourniture de gaz jusqu’en mars 2016 à l’Ukraine. Ce sont là des démarches qui visent à engager un véritable dialogue politique entre les Ukrainiens. Or, le Président ukrainien a jusqu’ici constamment refusé tout dialogue avec les ukrainiens du Donbass. Arnaud Dubien directeur de l’observatoire franco-russe souligne même que les autorités politiques, économiques et médiatiques de Kiev ont fait le choix de la « Petite Ukraine ». C’est pour cette raison que la seconde sujétion lancée à L’ONU par le Vl. Poutine d’ « harmoniser les différents projets économiques » prend tout son sens. Au moment où l’Ukraine s’est elle-même déclarée le 2 septembre en « défaut technique » car dans l’impossibilité de rembourser à ses créanciers 500 millions de dollars. C’est très probablement dans une démarche économique concertée entre l’Union européenne et la Fédération de Russie, que l’Ukraine pourra non seulement restructurée sa dette mais aussi reconstruire un système politique et économique qui lui permettrait de retrouver sa place de « maillon entrer l’Europe et l’Asie ».

Une autre proposition a été annoncée par le Président V. Poutine à la tribune de l’ONU : constituer dans le cadre de l’ONU, « une large coalition pour lutter contre ceux qui sèment le mal ».Dans cette perspective, il a constitué à Bagdad une cellule de renseignements, comprenant l’Irak, l’Iran, la Russie pour conduire des frappes efficaces contre Daesh. La situation en Syrie est dramatique et se traduit par un flux massif des populations vers l’Europe. Face à cette situation, des priorités s’imposent : d’abord, vaincre Daesh. Pour y arriver nous avons besoin des troupes au sol du gouvernement de Bachar el Assad. La victoire obtenue, le processus de transition démocratique pourra être activé. L’élimination violente des pouvoirs en place telle qu’elle a été conduite en Irak et en Lybie ne s’est pas traduite par des avancées démocratiques exceptionnelles !

Enfin, une autre information doit être retenue : l’arrivée du seul porte-avion Chinois Liaoning CV-16 dans le port syrien de Tartous où se trouve déjà la flotte russe. Il sera bientôt doté des avions J5 chinois et des hélicoptères ainsi que de 1000 fusillés marins ; Il est clair que ce déploiement de la force chinoise en Syrie bouleverse l’équilibre géopolitique de la région. L’objectif est de montrer que l’Eurasie, bien organisée au sein de l’Organisation de Coopération de Shangaï, est désormais en mesure de prendre des initiatives stratégiques majeures. Certes l’objectif est de montrer que la Chine est désormais une puissance géopolitique mondiale capable de se projeter loin de ses bases ; c’est aussi un message envoyé au monde occidental et en particulier à l’OTAN, pour rappeler que l’Asie centrale sera désormais protégée de tout interventionnisme étranger. Enfin, c’est un signe fort adressé à la Turquie, à l’Arabie saoudite et à Israël pour leur rappeler que le Moyen Orient n’est plus la chasse gardée des Etats Unis mais est un espace géopolitique mondialisé dont l’équilibre et la paix devront s’inscrire dans un dialogue garanti par une ONU revivifiée !

Jean-Pierre ARRIGNON


1 commentaire

  • QUATRELIVRE Bernard dit :

    Comment notre diplomatie participe-t-elle à la marche du monde?

    quelles sont nos relations actuelles avec Poutine?