Un monde nouveau en formation

En cette fin d’année 2017, le temps est venu de tenter de tenter un bilan géopolitique d’une année riche en événements. Nous avons retenu trois séquences majeures : une séquence électorale, une séquence des conflits enfin une séquence économique.

La séquence électorale est dominée par trois élections majeures, celle du Président des Etats Unis, celle du Président français enfin l’élection allemande. Le trait dominant qui relie ces trois élections est la volonté de rupture. Le 8 novembre 2016, contre toute attente des médias,  les électeurs américains portent à la Présidence des Etats Unis Donald Trump, éliminant clairement Hillary Clinton : D.Trump obtient le soutien de 306 grands électeurs contre 232 à sa rivale ! D. Trump est investit dans sa charge le 20 janvier 2017.  Que signifie cette élection ? Au-delà, du rôle supposé joué par la Russie dans ce choix, il est plus utile de s’intéresser au fonds. Incontestablement ce vote montre d’abord un rejet profond de Barack Obama et de sa candidate Hillary Clinton. Cette dernière s’est présentée comme la candidate de l’élite, de l’intelligentsia,  de la population la plus dynamique, celle des côtes orientale et occidentale des Etats Unis. Or, le vote D. Trump est celui de l’Amérique rurale, celle de l’Intérieur qui ne supporte plus le mépris intellectuel dans lequel on la perçoit et le déclin économique dont l’ampleur a surpris les observateurs. Le slogan de D. Trump, America First a su rassembler derrière lui tous ceux qui ne supportaient plus l’humiliation et le déclin. L’Amérique est aujourd’hui un pays en rupture sociale, rupture qui fragilise considérablement le pays notamment en géopolitique ; l’Amérique affaiblie à l’Intérieur est tentée d’afficher sa puissance à l’Extérieur. Cette situation contribue largement a déstabilisé les fragiles équilibres de la géopolitique mondiale.

Le 7 mai 2017, les électeurs français ont porté à la Présidence Emmanuel Macron avec 66,1% des voix devant sa rivale Marine le Pen, 33, 94% des voix, mais avec un taux d’abstention de 25,4%. Ce choix traduit chez les électeurs une volonté de rupture non seulement avec les Partis politiques, mais aussi les hommes et les femmes politiques. Les électeurs français ont lourdement sanctionné une classe politique qui se satisfaisait d’une stagflation pour assumer le pouvoir en une alternance programmée. Le nouveau Président a voulu rassembler autour de lui moins des partisans qu’une équipe capable d’engager des réformes structurelles  et de ranimer une politique internationale tant française, qu’européenne. Le président E Macron s’est immédiatement investi pour montrer que la France était de retour sur l’échiquier international.

Le 24 septembre 2017, les électeurs allemands votaient pour renouveler le Bundestag. Certes Madame A. Merkel l’a bien emporté avec 32,93% des voix devant son rival du SPD, Martin Schulz, 20,51%des voix et surtout l’apparition de l’Extrême droite du Parti AfD d’Alexandre Gauland et d’Alice Weidel, 12, 64% des voix. Le système politique allemand rend extrêmement difficile la formation d’un gouvernement. Après l’échec de la « coalition Jamaïque », A. Merkel essaie de reconstituer une grande coalition avec la SPD, mais jusqu’à ce jour en vain. L’Allemagne est désormais absente des grands dossiers internationaux, isolant par le même coup la France dans sa tentative de revivifier l’Europe. Angela Merkel a été victime tout à la fois d’avoir accueilli plus d’1,5 millions d’émigrés, mais aussi des sanctions américaines à l’encontre de la Russie qui a ralenti sensiblement les échanges entre les eux pays : le CEPII estimait la perte d’exploitation pour l’Allemagne à 830 millions de dollars par mois, 200 pour la France. 76,6%des dommages étaient subis par l’Union européenne. Les électeurs allemands ont significativement sanctionné Angela Merkel et les socialistes, en envoyant au Bundestag une forte minorité d’Extrême droite ! Là aussi, s’est manifestée une volonté de rupture !

Ainsi, comme nous le voyons, les élections de l’année 2017 ont clairement indiqué une volonté de rupture avec le monde qui précédait. Nous devons prendre en compte cette volonté des peuples qui ont affiché leur volonté d’entrer dans un nouveau monde à créer, avec de nouveaux rapports sociaux, culturels et économiques. Nous devons assumer cette volonté et nous projeter vers l’avenir, comme ont su le faire les grandes civilisations qui nous ont précédés !

La deuxième séquence que je voudrais évoquer est celle des conflits qui ont marqué l’année 2017. Au Moyen Orient, L’Etat islamique a subi un lourd échec face à la double résistance de l’Iran, de la Russie et de la Syrie et la coalition arabo-occidentale. Daesh est bien  militairement détruit. Pourtant, Victorieuses sur le terrain, les deux coalitions sont loin d’avoir atteint l’objectif du retour à la paix, en dépit des efforts faits lors des conférences de Genève et d’Astana. La situation marginale des Etats Unis dans le Moyen Orient, situation aggravée par la reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d’Israël, freine les efforts de paix comme on peut le voir dans les déclarations des Palestiniens et des pays musulmans !   La paix n’est pas l’objectif principal des coalitions ; elle n’est que l’objectif second dans un équilibre géopolitique que l’on n’a pas encore trouvé ; il en est de même au Yemen et au Sahel où les conflits perdurent, faute de volonté politique collective. Désormais trois espaces géopolitiques sont en place et cherchent à marquer des points : d’un côté, le groupe Russie, Iran, Turquie qui œuvre à Astana, mais marginalise les Kurdes, le groupe arabo-occidental que le Président français tente de faire bouger au Yemen, face à la situation sanitaire calamiteuse et le groupe israelo-américain, plus marginalisé que jamais, mais disposant de la principale force d’intervention et accordant toujours son soutien  aux djihadistes d’Al-Nosra tant à Ar Tanf et Al-Chaddadeh ! Puisse l’année 2018 permettent aux bonnes volontés de placer la Paix au-dessus des intérêts particuliers des Etats !

La troisième est dernière séquence concerne l’économie avec la sortie du Royaume Uni de l’Europe : Le Brexit. Les négociations se poursuivent et, contrairement à ce que certains ont prophétisé, elles ne peuvent aboutir qu’à des solutions qui permettent tant à l’Union européenne qu’au Royaume Uni d’éviter une crise qui serait désastreuse pour chacun ! Ce Brexit souligne que lorsque les intérêts de chacun sont pris en compte, on parvient à trouver des solutions. Enfin, l’année 2017 a vu le bitcoin prendre une place dans le commerce international ; Monnaie virtuelle, bulle financière dangereuse, la monnaie reste une prérogative régalienne ; l’Allemagne vient d’interdire l’usage du bitcoin.  Pourtant, cette monnaie tire son prix du marché, indépendamment des banques et des Etats ; elle n’est peut-être pas qu’une seule monnaie spéculative ; elle s’inscrit dans un monde nouveau qui cherche à s’organiser et à se libérer de la prégnance des Etats et des grandes institutions internationales, en utilisant les nouvelles technologies. Enfin, il faut saluer les efforts économiques de la France pour prendre en charge les perspectives climatiques mondiales dans le cadre d’un projet commun, un projet universel susceptible de rassembler l’ensemble des Etats pour construire une humanité responsable de son devenir collectif ! Il y a là incontestablement une véritable espérance et le refus des Etats Unis d’y participer ne fait que souligner leur marginalité et leur déclin.

Ainsi, 2017 aura bien été une année de rupture. Un autre monde s’ouvre en perspective, plus créatif, plus confiant dans les données des nouvelles technologies. Il appartient à l’Homme d’accepter cette transformation et surtout de la mettre au service de tous pour avancer de concert vers la Jérusalem céleste !

Bonne Année à tous

Jean-Pierre Arrignon

27-XII-2017


1 commentaire

  • Alexis BERESNIKOFF dit :

    Excellent, bien vu. Je rajouterai volontiers un commentaire sur le problème de l’émigration, à la fois source et conséquence de la séquence des conflits … et qui oblige à s’interroger aussi sur le devenir de l’Afrique.
    Bonne Année