Les faits :
Les forces de Bashar al-Assad appuyées par le hezbollah iranien ont mené une puissante offensive terrestre et aérienne qui leur a permis de reprendre aux rebelles la moitié de la province d’Idleb au prix de 400 morts civils et 1 million de déplacés vers la Turquie (qui en compte déjà 3,6 millions).
Pour arrêter cette offensive, Erdogan a envoyé des renforts en hommes et en matériels lesquels lui ont permis de reprendre le village de Saraqeb, point stratégique sur l’axe routier Alep-Damas (M5).
Quelques heures plus tard, l’aviation syrienne et russe faisait exploser un bunker où s’étaient réfugiés 34 soldats turcs. Le décès de ces derniers a provoqué la fureur d’Erdogan. L’affaire était d’autant plus grave que cet incident remettait en cause les accords de Sotchi conclut en 2018 entre la Russie et la Turquie (accords qui devaient ramener la paix en Syrie). Pour calmer les Turcs, les Russes autorisent Erdogan à mener des représailles à l’aide de drones : une centaine de soldats syriens trouvèrent la mort au cours de ces bombardements.
Les deux leaders, conscients du danger d’un affrontement direct, décidèrent de se rencontrer à Moscou (Poutine ayant refusé Ankara) le jeudi 5 mars 2020.
La complexité de la région d’Idleb :
Dans cette région se trouve en effet, face à face, d’une part des Syriens partisans de Bashar et d’autre part ceux partisans d’Erdogan. A côté de ces deux groupes, relativement bien identifiés, il faut ajouter ceux que l’ONU combat à savoir les djiadistes d’Al-Nosra, d’Al-Quaïda ainsi que de nombreux groupes constamment renouvelés sous diverses appellations. Enfin, il faut ajouter les djihadistes étrangers, de 10 à 15 000 hommes, dont des Ouïghours de Chine, des Turkmens du Turkménistan, des caucasiens ainsi qu’une centaine de Français. Pour le moment, Erdogan ne parvient pas à soumettre et à désarmer ces djihadistes étrangers soutenus par les Occidentaux.
Les accords de Moscou du 3 mars 2020 :
Les deux parties (Russie et Turquie) réaffirment la souveraineté et l’intégrité du territoire syrien et reconnaissent qu’il n’y a pas de solution militaire.
Les conquêtes de Damas ne sont pas remises en cause lors de cet accord. Toutefois, l’axe routier M5 (Alep-Damas) est désormais totalement sous contrôle de Damas. Aussi, une zone de protection de 6 km (au lieu des 30 demandés par Erdogan) sera créée de part et d’autre de l’axe M4 (Damas-Lattaquié) et sera protégé par des patrouilles mixtes russo-turques (patrouilles en cours de création, qui circuleront à partir du 15 mars 2020).
Les deux parties sont également d’accord pour faciliter le retour des réfugiés et permettre l’arrivée de l’aide humanitaire.
Ce protocole d’accord a été transmis à l’ONU mais immédiatement bloqué par le veto des Etats-Unis.
Moscou reste le protecteur du gouvernement syrien légitime. Le bombardement par les drones d’Erdogan a certes infligé de lourdes pertes aux forces syriennes mais les Turcs ont dû très vite faire marche arrière devant le soutien des Russes apporté à Bashar.
De même, les tentatives d’Erdogan d’amener l’Union Européenne et l’OTAN à s’engager à ses côtés en Syrie a échoué. Par conséquent, le retour de la paix en Syrie est encore bien lointain tant que l’afflux constant de djihadistes étrangers viendra renforcer une situation d’une extraordinaire complexité.
Je pense qu’il était utile de vous donner ces quelques éléments de réflexion pour mieux comprendre une situation extrêmement ardue, complexe et constamment mouvante.
JP Arrignon
Merci pour cette communication – peux-tu nous éclairer sur ce soutien occidental de groupes djihadistes etrangers (!!!???) – et quid des kurdes ?
Nous t’adressous, ainsi qu’à Zoya, toute notre amitié
Merci Jean-Pierre de mieux nous faire prendre conscience de la complexité des problèmes du Moyen Orient, cela me paraît inextricable, sauf intervention d’un Gengis Khân.
Comment vas-tu?
Nous avons peu de nouvelles de toi et de Zoya
Nous souhaitons vous revoir dès que possible et aurions plaisir à vous recevoir au Touquet en Mai ou Juin lors d’un Week-end ensoleillé.
Amitiés à tous deux
Pet E W.