Décembre 2015

A la veille du début des festivités liées à la célébration de Noël et à l’arrivée de l’An nouveau, trois événements importants se sont produits dont il est intéressant de relever la concomitance. Le 17 décembre, à partir de la base de Kourou, une fusée soyouz a mis sur orbite les satellites 11 et 12 du GPS européen Galileo qui sera plus précis et plus riche que le GPS américain. Ce lancement est le fruit d’une collaboration riche et fructueuse entre la France et la Russie. Certes, à l’automne 2016, l’Agence spatiale française lancera les autres satellites avec la fusée Ariane 5, mais l’agence se félicite de pouvoir utiliser les deux lanceurs, Soyouz et Ariane, pour achever la mise en place du réseau satellitaire Galileo. La collaboration franco-russe dans l’espace est exemplaire ; elle continuera à se développer pour le bien commun des uns et des autres.

Le Mardi 15 décembre, à Moscou, la Président V.V. Poutine, le ministre des Affaires étrangères russe, Serguei Lavrov et le Secrétaire d’Etat américain John Kerry ont finalisé l’accord qui a été présenté et voté, vendredi 18 décembre, à l’unanimité des membres du Conseil de Sécurité pour enclencher le processus de paix en Syrie. Cet accord en quatre points :

-A partir du 1 janvier 2016 début de négociations entre le pouvoir syrien de Bachar al-Assad et l’opposition

-Mise en place d’un cessez-le-feu dans un délai d’un mois.

-Désignation d’un gouvernement de transition dans les 6 mois.

-Elections générales dans 18 mois.

Les initiatives de paix en Syrie sont évidemment à mettre au crédit de la Russie. Certes, les médias français ont surtout retenu le silence concernant l’avenir du Président syrien. Le mérite de l’accord voté à l’unanimité des 15 membres du conseil de sécurité est ailleurs. En premier lieu, la démarche de paix est placée sous le contrôle de tous les participants, notamment de l’Arabie saoudite, mais aussi de l’Iran, de la Russie, de la Chine, des Etats-Unis, de la France et d’autres. Toutes les puissances engagées dans le conflit sont désormais en charge de la mise en place de l’accord. De plus, La présence du Ministre français de la Défense, le 21 décembre à Moscou, montre bien que l’objectif est clair : la victoire et l’éradication de Daech ; pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de coordonner non seulement les actions militaires, mais aussi les renseignements sur les mouvements terroristes, non seulement Daech lui-même mais aussi al-Nosra, affilié à al-Quaida. En second lieu, cet accord souligne la prise de conscience que la victoire ne pourrait être obtenue que par l’union de toutes les parties engagées dans le conflit ; cette union a été validée par cet accord ; mais pour voir sa légitimité et sa légalité reconnues, cette union ne pouvait être placée que dans le cadre d’une institution internationale, l’ONU. En ce sens l’ONU, constamment soutenue et reconnue par la Russie comme seule organisation légitime et légale, joue enfin pleinement son rôle de garant de la Paix.

Pourtant le vendredi 18 décembre 2015, l’Union européenne a décidé de prolonger les sanctions à l’encontre de la Russie pour 6 mois. Décision soutenue avec vigueur par les pays de l’Europe orientale, Pologne, Estonie et Pays balte notamment, malgré l’opposition de l’Italie dont le premier Ministre Mario Renzi souhaitait l’ouverture « d’un débat politique » entre les pays membres de l’Union européenne et la suggestion de M. Jean-Claude Junker de développer les liens commerciaux entre l’Union européenne et l’union économique eurasiatique au sein de laquelle la Russie occupe une place majeure. En outre, la décision du premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk de ne pas rembourser sa dette « reconnue souveraine » de 3 milliards de dollars à la Russie, fait déclarer l’Ukraine en « défaut de paiement » ce qui rend difficile les relations entre l’Ukraine et le FMI.

Ces décisions soulignent combien l’Europe est divisée face à la crise ukrainienne. La décision de maintenir les sanctions a entrainé des contre-sanctions immédiates. A partir du 1 janvier 2016, jour de l’entrée en vigueur du traité d’Union de l’Union européenne avec Kiev, l’Ukraine ne bénéficiera plus du régime privilégié dont bénéficiaient ses exportations vers la Russie et ses produits seront désormais taxés conformément aux décisions de l ’Union économique eurasiatique. Ces décisions, qualifiées « d’embargo alimentaire », vont déstabiliser un peu plus l’économie ukrainienne en grande difficulté mais aussi celle de l’Union européenne.

En cette fin d’année, les événements illustrent parfaitement la confusion qui règne dans les relations entre la Russie et l’Union européenne. D’un côté, les relations se maintiennent dans le domaine de l’espace, de la science et de la lutte contre le terrorisme, domaines dans lesquels la position de la France est centrale ; de l’autre, les relations qui se dégradent dans le domaine économique et des échanges, sous l’effet des sanctions. Sur ces dossiers, l’Union européenne est loin d’avoir une attitude cohérente et claire. Formons le vœu que l’année 2016, voit enfin, l’Union européenne et la Russie reprendre le dialogue pour ensemble travailler à la reconstruction politique et économique de l’Ukraine et comprendre que la stratégie de la marginalisation, des sanctions n’a jamais conduit à retrouver le nécessaire équilibre indispensable à l’harmonie du monde.

J’en profite pour présenter tous mes vœux à celles et ceux qui me font l’honneur de me suivre dans ma tentative de comprendre un monde qui n’est autre qu’un « mobile »permanent qu’aurait pu évoquer avec brio, le peintre et sculpteur américain Alexander Calder.

 

JP Arrignon


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