Mon discours lors de la cérémonie annuelle de remise des distinctions de la Renaissance française Nord/Pas de Calais (le 25 novembre 2015, Hôtel de ville, Arras)
Mesdames Messieurs , membres de la Renaissance, Chers amis,
C’est pour moi un grand honneur que d’accueillir en cette belle salle des mariages de la Mairie d’Arras, les récipiendaires des médailles du rayonnement culturel de la Renaissance : Madame Annie DEGROOTE, romancière, l’Ensemble musical baroque HEMIOLIA, Monsieur Jean-François DUBOIS, maître-fromager.
Je tiens également à remercier de leur présence, celles et ceux qui ont été décorés, ainsi que tous nos membres, qui se sont associés per leur présence à cette cérémonie. Je remercie également nos fidèles soutiens M. Arnaud Derville, Directeur de la Grand’ Librairie d’ARRAS et Madame Sophie MAERTEN, directrice de l’hôtel Univers d’Arras.
Un grand Merci enfin aux Autorités municipales qui ont mis à notre disposition cette belle salle, à la mesure de l’événement qui va s’y dérouler.
Ces distinctions, outre leur caractère personnel qui sera évoqué par les parrains de chacun des impétrants, revêtent aussi, en cette année, un caractère exceptionnel ; ensemble en effet vous formez la promotion du Centenaire de la création de la Renaissance française, par le Président de la République Raymond Poincaré dont nous avons commémoré l’action il y a quelques semaines.
C’est en pleine guerre mondiale, à un moment particulièrement difficile, l’année 1915, alors que notre région était occupée : Dunkerque est choisie pour être la nouvelle capitale, Lille perd son siège de première région militaire au profit de Boulogne/mer ; les officiers et la troupe allemande sont logés chez l’habitant ; la circulation entre les communes est réglementée ; la carte d’identité avec photographie et valable 6 mois est obligatoire à Lille à partir de septembre 1915 ; à cause du blocus anglais, le rationnement alimentaire est réduit à 1800 calories/jour à partir du printemps 1915 ; chanter la Marseillaise est un délit !
C’est dans ce contexte particulièrement difficile que Raymond Poincaré fonde la Renaissance française pour affirmer qu’en dépit des difficultés majeures qui l’assaillent, la France reste debout ! Cette France en guerre, attaquée, envahie, martyrisée, tient à affirmer ses valeurs : sa Culture et son Savoir-Faire, comme les véritables clés de son unité ; car la France est plus qu’un Etat ; elle est même plus qu’une nation ; la France est une civilisation.
Cette dernière prend ses racines dans les bâtisseurs des cathédrales, se sublime dans le siècle de Louis XIV, innove dans la peinture des impressionnistes et le symbolisme en littérature. C’est tout cet héritage qui fait notre civilisation ; c’est elle qui nous a toujours permis de sortir victorieux en 1918, en 1945 et le 13 novembre 2015 !
En vous honorant ; Mesdames et Monsieur, la France vous honore parce que vous portez haut, par vos talents, le génie de la France, base de notre civilisation.
Avant d’appeler les impétrants et leurs parrains je terminerai mon propos, par un poème qui m’a été insufflé le soir du 13 novembre par ma fille, Xénia, très émue par ce tragique événement, notamment par la fusillade de la terrasse du Carillon ; ce poème je l’offre au 224 victimes de l’airbus russe A 321 explosé au Sinaï, au 130 victimes des attentats de Paris, au 22 victimes de l’hôtel Radisson de Bamako et au 13 victimes hier de Tunis
Lecture du poème
Paris
Louis Aragon
Où fait-il bon même au cœur de l’orage Où fait-il clair même au cœur de la nuit L’air est alcool et le malheur courage Carreaux cassés l’espoir encore y luit Et les chansons montent des murs détruits
Jamais éteint renaissant de la braise Perpétuel brûlot de la patrie Du Point-du-Jour jusqu’au Père-Lachaise Ce doux rosier au mois d’août refleuri Gens de partout c’est le sang de Paris
Rien n’a l’éclat de Paris dans la poudre Rien n’est si pur que son front d’insurgé Rien n’est ni fort ni le feu ni la foudre Que mon Paris défiant les dangers Rien n’est si beau que ce Paris que j’ai
Rien ne m’a fait jamais battre le cœur Rien ne m’a fait ainsi rire et pleurer Comme ce cri de mon peuple vainqueur Rien n’est si grand qu’un linceul déchiré Paris Paris soi-même libéré
Louis Aragon, 1944