« Mondialisation/démondialisation » conférence prononcée au Rotary d’Arras, le 5 mai 2015

Le terme mondialisation appelé aussi globalisation, désigne le processus d’intégration des marchés et de rapprochement des hommes qui résultent de la libération des échanges, du développement des moyens de transport et de marchandise et des retombées des technologies de l’information et de la communication à l’échelle planétaire. Elle se manifeste par l’interdépendance des économies (mondialisation économique) et l’intensification de la concurrence.

Le mot apparaît pour la première fois en 1916 sous la plume de Paul OTLET, Les problèmes internationaux et la guerre, les conditions et les facteurs de la vie internationale, Genève, 1916.

Ce concept présente d’une part, un défi pour les Etats-nations et les gouvernements qui perdraient toute capacité à influencer les évolutions économiques nationales, d’autre part, les divers territoires soumis à ce nouveau modèle deviendrait fortement interdépendants au point de marquer des évolutions synchrones.

L’intérêt pour la mondialisation se manifeste avec plus d’insistance au cours des années 1990. La chute de l’URSS a favorisé le développement du concept d’un monde unipolaire dominé par les Etats Unis perçus comme la superpuissance mondiale incontestée dominant scientifiquement, militairement, économiquement et culturellement le monde. La mondialisation connaît un formidable développement dans les années 1990, après l’effondrement de l’URSS et sous l’Impulsion de Ronald Reagan et de Margareth Thatcher.

Ce monde unipolaire à ses outils qui ont nom la Banque mondiale, le FMI, l’ONC et même certaines ONG

La Banque mondiale, fondée en 1945, siège à Washington, son Président (aujourd’hui Sun Yong Kim, est toujours américain), et est désigné par le gouvernement américain à la différence du FMI dont le directeur (aujourd’hui Christine Lagarde)est désigné par les gouverneurs européens.

La B. M. regroupe 5 institutions internationales :

-La banque internationale pour la reconstruction et le développement la BIRD. –L’Association internationale de développement (AID ou IDA) pour lutter contre la pauvreté. –La Société financière internationale (IFC.), – L’agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), -Le Centre international pour le règlement des différents relatifs aux investissements (CIRDI).

Le Fonds monétaire internationale (FMI), créé en 1944, siège à Washington DC. Il regroupe 188 pays. Son rôle est de promouvoir la coopération monétaire internationale, de garantir la stabilité financière (le SMI), de faciliter les échanges internationaux, de contribuer à la création d’un niveau élevé d’emplois, à la stabilité économique, et de faire reculer la pauvreté. Elle doit éviter qu’un pays ne fasse défaut (cf. la Grèce).

Etats Unis et Union européenne ont de facto un droit de veto ; décisions prises à l’unanimité. Au cours des années 90, le FMI a préconisé le libéralisme très idéologique dans un monde unipolaire ; aujourd’hui il est passé au « pragmatisme absolu ». Le FMI a souvent été critiqué notamment par des économistes Joseph Stiglitz ou Milton Friedman !

L’Organisation mondiale du Commerce (OMC) créé le 1 janvier 1995, siège à Genève, rassemble 161 pays : elle s’appuie sur les accords de Marrakech (avril 1994) et depuis 2001 sur le cycle de Doha, pour réduire les obstacles au libre échange, aider les gouvernements à régler leurs différents commerciaux et assister les exportateurs, importateurs, producteurs de marchandises et de services. Dir. Gén. Pascal Lamy de 2005 à 2013 et aujourd’hui Roberto Azevedo (Brésil). L’OMC est un cadre de négociations : Accords du GATT (tarifs douaniers et assurances) ; AGCS sur le commerce et les services ;ADPIC, sur la propriété intellectuelle. L’OMC impose aux Etats de modifier leur législation au profit d’une minorité de puissants (Monsanto). L’OMC est souvent accusée de promouvoir la mondialisation de l’économie et la libéralisation du commerce.

Les Organisations Non Gouvernementales (ONG), Associations à but non lucratif, d’intérêt public qui ne relève ni de l’Etat, ni d’Institutions internationales. Une ONG est une personne morale. Elles sont très nombreuses : les plus connues : Amnesty International, Human Rights Watchs, ADT Quart monde, Médecins sans frontière, médecins du monde, CICR, etc. Elles sont souvent des relais de la politique de la mondialisation, justifie le droit d’ingérence, et aspirent à la création d’un nouvel ordre mondial par un Etat mondial ; Elles aspirent à la dissolution des Etats nations pour créer une seule humanité.

En réaction, s’organise aujourd’hui la démondialisation que nous examinerons à travers deux structures le RMB etl’ lAAB.

La démondialisation s’organise en réaction à la mondialisation avec pour objectif une nouvelle organisation de l’économie mondiale ; elle prend en compte l’augmentation des interdépendances humaines dans le monde afin de se soustraire à la domination de la globalisation financière et du libre échange. Elle se base principalement sur la mise en place des taxes douanières modulées selon le coût écologique et social des marchandises et la reterritorialisation.

Pour l’économiste philippin Walter Bello, inventeur du concept de démondialisation, la démondialisation n’est pas un retrait de la communauté mondiale mais un modèle alternatif à l’OMC. Il s’agit de réorienter les économies de la priorité à la production pour l’exportation à celle de la production destinée aux marchés locaux.

La crise financière de 2008 a donné lieu à un fort regain de remise en cause du capitalisme financier. Cette remise en cause prend des aspects financiers et est menée par la Chine. Ce sont le RMB et l’AIIB.*

Le Renminbi (RMB) nom officiel signifiant « la monnaie du peuple ». Le Yuan désigne communément la monnaie chinoise comme unité de compte ; En 2014 1 dollar vaut 6, 15 dollars. Aujourd’hui le RMLB tend à évoluer vers le statut de monnaie d’investissement et de réserve internationale influente. En décembre 2013, le RMB s’est hissé à la place de l’euro au rang de 2e devise la plus utilisée pour le financement du commerce mondial après l’USD. En janvier 2015, le RMB est devenu la 5e devise la plus utilisée pour les paiements internationaux (2,17%, loin derrière l’UDSD 44,6% ; l’euro 28,3% et la livre sterling (7,9%. La France et l’Allemagne sont les deux pays européens qui utilisent le plus volontiers le RMB. Le 30 sept 2014, l’euro est devenu la 6e monnaie internationale à être directement convertible en RMB, facilitant les échanges et les investissements bilatéraux. La BCE et la Banque d’Angleterre se livrent une bataille acharnée pour devenir LE centre offshore du RMB en Europe, alors que l’Europe représentait fin 2014 10% des paiements RMB à travers le monde en valeur. Ce faisant l’Eurozone a mis fin à sa dépendance contrainte à l’USD comme monnaie de conversion pour ses échanges avec la RMB zone. L’euro et le RMB contestent la suprématie de l’USD comme monnaie de référence pour les échanges internationaux. Ce n’est qu’en devenant pleinement convertible à l’horizon 2020 que le RMB deviendra une monnaie d’échange et de réserve. L’essor du RMB ouvre la voie à l’émergence d’un système monétaire mondiale de réserves tripolaire dans lequel l’euro, USD et RMB joueront chacun leurs rôles en termes de diversification des risques et des opportunités d’investissement. C’est la fin du monde unipolaire financier dominé par Washington.

L’AIIB, avec son projet de banque géante d’investissement en Asie, écrit l’expansion, er ses ambitions pour sa devise, la Chine a pris la tête des pays qui veulent bousculer un ordre financier international dominé par les Américains. 57 pays se sont déjà déclarés dont la GB., la France, l’Allemagne et l’Italie. C’est un grand contraste avec la Banque des BRICS lancée en été 2014 qui adhère à l’IAAB.

Ce projet politique conteste ouvertement la FMI (prêteur de crises) et la Banque mondiale (créancier de développement). De plus l’AIIB entend se financer sur le Marché, ce qui a provoqué l’enthousiasme du Royaume Uni. La Chine cherche un exutoire à une industrie en surcapacité tout en poursuivant un intérêt diplomatique qui est d’affaiblir l’influence américaine.

Pour J. Stiglitz l’hostilité des EU (Jack Lew, Secrétaire du Trésor) est une nouvelle illustration de l’insécurité des Etats Unis quant à leur propre influence internationale.

Si Obama vante le FMI, depuis 2010 le Congrès américain bloque une réforme conçue en 2010. Cette paralysie est « un obstacle à la crédibilité du FMI, sa légitimité et son efficacité » ont estimé les pays émergents réunis au G24.

La Banque mondiale doit se réformer sous peine d’apparaître rapidement superflue. Le meilleur exemple est sans doute l’Afrique désormais dotée de sa propre banque de développement et où plusieurs pays sont désormais capables de lever des fonds sur le marché, modifiant le rapport de force avec les institutions de Washington.

La mondialisation des années 1990 à 2000 a organisé le développement dans un cadre commun : les accords internationaux, pilotés par les institutions sous tutelle américaine et européenne. La démondialisation c’est précisément renoncer à ces cadres contraignant pour permettre à chacun de trouver un financement adapté à ses projets de développement et de reterritorialisation près de la banque chinoise d’investissement AIIB, faisant office de banque mondiale et de FMI mais reposant sur trois monnaies RMB, USD et Euro.

Devant nous le monde bouge, on en parle peu dans nos medias, car les perspectives sont à long terme. Le temps de l’Asie n’est pas celui de l’Occident !


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